Hypnose : quels effets sur le cerveau ?
Depuis que les neurosciences disposent d’outils permettant l’imagerie cérébrale, de nombreuses recherches ont analysé l’activité du cerveau durant les différentes phases de la transe hypnotique. Ces observations ont permis de mieux comprendre ce qu’il se passe pendant l’état d’hypnose et ainsi d’améliorer l’efficacité de cette technique.
« Vos paupières sont lourdes… Dormez maintenant ! » Voilà généralement la première chose à laquelle on pense lorsqu’on évoque l’hypnose. Mais que se passe-t-il vraiment derrière vos paupières closes, à l’intérieur même de votre cerveau ?
Il ne s’agit ni de sommeil ni d’inconscience, mais d’un état de conscience modifié connu depuis la nuit des temps et que l’hypnose a permis d’apprivoiser. Pendant longtemps, cet état particulier de conscience est resté mystérieux, laissant croire qu’il était l’effet du pouvoir d’un praticien, sorcier du village, chaman ou autre magicien.
Une étude parue dans la revue Cerebral Cortex révèle comment les différentes zones du cerveau s’activent et se désactivent, se connectent entre elles lors de l’état de transe hypnotique.
Le cerveau modifie son activité
Lors d’une transe hypnotique, on peut remarquer quelques changements majeurs.
Premièrement, les neurones augmentent leur activité dans une zone du cerveau qui est spécifiquement chargée de se concentrer sur la résolution d’un problème. La personne en état d’hypnose est ainsi tellement absorbée par ce qu’il se passe en elle qu’elle perd le contact avec le monde extérieur. Ses perceptions sensorielles en sont altérées.
Deux autres régions cérébrales montrent aussi des échanges neuronaux plus intentes, ce sont celles qui gèrent l’adaptation. En effet, ces zones sont spécialisées dans les capacités à passer d’une tâche cognitive à l’autre ou d’un comportement à l’autre, ainsi que dans l’évaluation de la conscience de soi. C’est ainsi que le cerveau contrôle les aspects physiologiques et émotionnels du corps.
Lorsqu’on rejoint l’état hypnotique, le cerveau se met en veille et les échanges neuronaux sont alors fortement réduits. Cet état particulier permet le repos en freinant la pensée. Pourtant, alors même qu’il se désintéresse de tout stimulus extérieur, le cerveau reste toujours en activité. Reconnaître l’état du cerveau lorsqu’il est en mode veille permet de lui suggérer des comparaisons avec d’autres états de conscience, ce qui ouvre le champ des possibles sur de nouvelles réalités.
Autre particularité de l’état d’hypnose : les connexions sont plus faibles entre les différentes zones du cerveau, ce qui crée une dissociation entre l’action et la conscience que l’on a de cette action. Ce phénomène explique qu’une personne peut, par exemple, voir son bras se lever tout seul, ou encore se laisser suivre les suggestions d’un praticien sans trop se poser de questions.
Le praticien en hypnose aura alors la possibilité de conduire son client dans la direction souhaitée, lui permettant d’envisager les choses autrement, de penser et de comprendre différemment ce qui semblait bloqué jusqu’alors.
La compréhension du cerveau et de sa mécanique neuronale nous offre une perspective totalement nouvelle sur les possibilités d’atteindre ce qui semblait inaccessible jusqu’ici.
Article co-rédigé par
Marjolaine Heysé et Philippe Fragnière
Source d’inspiration :
Aymeric Guillot, professeur en neurophysiologie des processus mentaux à l’université Lyon