Compte-rendu détaillé
Cet atelier, animé par Christophe Marquis, président de l’association APH, et Philippe Kiener, hypnothérapeutes francophones, offre une immersion fascinante dans le monde des états modifiés de conscience (EMC). Dès les premières minutes, les intervenants posent une définition accessible : un EMC, c’est tout état qui s’écarte de notre veille habituelle. Ils insistent sur son universalité, expliquant que nous traversons ces états quotidiennement, que ce soit en rêvassant à la fenêtre, en conduisant machinalement ou en nous laissant absorber par un film. Loin d’être réservés à une élite spirituelle, ces états sont naturels et accessibles, comme le souligne Christophe avec humour en évoquant ses escapades mentales d’écolier ou les dessins de sa fille, propices à l’apprentissage.
Sur le plan théorique, les EMC sont explorés sous plusieurs angles : psychologiques (rêves, méditation, hypnose), physiologiques (fatigue, relaxation), pathologiques (traumatismes), exogènes (substances) ou spontanés (réactions de survie). Philippe enrichit cette palette en évoquant l’état de « flow », cet instant de grâce où l’on se perd dans une activité, comme jouer de la guitare, tandis que Christophe illustre avec une anecdote personnelle : une glissade sur un toit gelé où, en cinq secondes, son cerveau a défilé souvenirs et calculs pour assurer sa survie. Ces exemples concrets ancrent le propos dans le réel, rendant les concepts palpables.
La science n’est pas en reste. Les intervenants expliquent comment les EMC modifient les ondes cérébrales – des bêta de la concentration aux delta du sommeil profond – et s’appuient sur la neuroplasticité pour reprogrammer des réponses émotionnelles, comme transformer une phobie en calme. Ils citent Milton Erickson, pionnier de l’hypnose moderne, pour qui l’inconscient est une mine de ressources, accessible en transe pour dépasser des blocages ou raviver des forces oubliées.
Plusieurs exercices simples sont proposés, démontrant la puissance de l’imaginaire. L’exercice du citron, où l’on visualise son goût acide, fait saliver les participants, prouvant que le cerveau ne distingue pas toujours réalité et fiction. Celui des « mains des opposés » invite à placer un problème dans une main et sa solution dans l’autre, laissant une force naturelle – l’homéostasie – les réunir. Philippe propose une technique d’auto-hypnose basée sur les sens (voir, entendre, ressentir), guidant vers un état introspectif, tandis que Christophe entraîne dans un voyage intérieur en focalisant sur la respiration et un lieu de sérénité, pour dialoguer avec une part de soi – comme celle qui empêche de dormir.
Ce qui frappe, c’est l’approche décomplexée et pragmatique des animateurs. Ils démystifient l’hypnose, la présentant comme un outil de contrôle plutôt qu’une perte de maîtrise, et insistent sur son caractère inné : « Tout est auto-hypnose », affirme Christophe, soulignant que le thérapeute ne fait qu’accompagner un processus naturel. Cet atelier ne se contente pas d’informer ; il équipe les participants de techniques utilisables au quotidien pour gérer stress, émotions ou insomnies. Entre récits personnels, science et exercices, il ouvre une porte sur le potentiel insoupçonné de notre esprit, laissant une envie irrésistible d’explorer davantage.