Compte-rendu détaillé
L’atelier-conférence sur la dépendance affective, animé par Estelle et Maha à Nyon, a abordé ce sujet complexe avec une approche interactive et accessible, visant à sensibiliser un public majoritairement composé de praticiens en hypnose. Organisé par l’école Théma TNOSC, cet événement a combiné exposés théoriques, discussions en groupes et analyses de vidéos pour explorer les origines, les manifestations et les approches thérapeutiques de la dépendance affective, tout en établissant des parallèles avec les dépendances aux substances.
La dépendance affective a été définie comme une pathologie du lien, marquée par une souffrance émotionnelle due à des besoins affectifs insatisfaits, souvent enracinée dans l’enfance. Les participants ont été invités à réfléchir en petits groupes à leur propre compréhension de ce concept. Les réponses ont mis en lumière des caractéristiques comme un vide affectif, une faible estime de soi, une peur de l’abandon ou du rejet, et des attentes disproportionnées envers autrui. Ces échanges ont permis d’illustrer comment la dépendance affective peut se manifester par des comportements comme la jalousie excessive, l’incapacité à prendre des décisions seul ou une tendance à s’adapter excessivement aux autres, au point de perdre son identité.
Maha a expliqué que cette dépendance trouve souvent ses origines dans des carences affectives précoces, notamment un manque d’attention bienveillante ou un attachement insécure avec les figures parentales. Par exemple, un enfant grandissant dans un environnement instable ou avec des parents fusionnels peut développer un besoin constant de validation affective à l’âge adulte. Physiologiquement, des hormones comme l’ocytocine (liée à l’attachement) et la dopamine (associée au plaisir) jouent un rôle clé, similaire à celui observé dans les addictions aux substances. Un excès de stimulation des récepteurs dopaminergiques entraîne une quête insatiable d’amour ou de reconnaissance, comparable à la consommation croissante d’une drogue.
L’atelier a également exploré les conséquences relationnelles de la dépendance affective. Les personnes concernées peuvent attirer des personnalités manipulatrices, comme les pervers narcissiques, qui exploitent leur vulnérabilité. À travers une vidéo illustrant une relation toxique, les participants ont identifié des signes de manipulation, tels que des critiques subtiles, des alternances entre affection et hostilité, ou des tentatives de contrôle. Ces dynamiques peuvent conduire à des cercles vicieux d’autosabotage, où la personne dépendante, par peur d’être quittée, adopte des comportements qui précipitent la rupture, renforçant ainsi sa croyance qu’elle est « inaimable ».
En termes de prise en charge, Estelle et Maha ont insisté sur une approche thérapeutique progressive, centrée sur la réduction de l’anxiété (liée à un taux élevé de cortisol) avant de travailler sur l’estime de soi et la gestion des émotions. L’hypnose, combinée à des techniques comme l’analyse des rêves ou des actes symboliques (comme écrire une lettre à un parent), permet de revisiter les blessures d’enfance sans retraumatiser. Une relation thérapeutique solide est essentielle, bien que les thérapeutes doivent rester vigilants face au risque de transfert de la dépendance sur eux-mêmes.
L’atelier a conclu sur l’importance de la prise de conscience et de la reconstruction identitaire pour aider les personnes dépendantes à établir des relations saines. Des ressources comme le livre Tant pis pour l’amour de Sophie Lambda ont été recommandées pour leur approche ludique et éclairante. En somme, cet atelier a offert une compréhension nuancée de la dépendance affective, soulignant son impact profond et les voies thérapeutiques possibles, tout en engageant le public dans une réflexion active et empathique.
Retrouvez les vidéos présentées lors de l’atelier:
Fred et Marie : https://www.youtube.com/watch?v=wokOgLqdtf4&t=25s
La dépendance affective : https://www.youtube.com/watch?v=-7EBYsvL33M&t=512s