Nous sommes tous traumatisés

Eric Remacle, psychothérapeute et spécialiste des traumatismes depuis 30 ans, a présenté une introduction accessible à l’utilisation de l’hypnose pour traiter les traumatismes. Cet atelier, destiné à un public varié incluant des professionnels et des non-initiés, a exploré ce qu’est un traumatisme, ses impacts, et comment l’hypnose peut aider à s’en libérer. Voici un résumé clair et simplifié pour un public large.

Qu’est-ce qu’un traumatisme ?

Un traumatisme est une blessure émotionnelle ou psychologique causée par un événement choquant, comme un accident, une violence, une perte, ou même un manque affectif. Eric explique que les traumatismes occupent une place centrale dans de nombreux troubles psychologiques. Ils peuvent provoquer des symptômes variés, tels que :

• des angoisses,
• des cauchemars,
• des troubles du sommeil,
• des comportements d’évitement,
• des addictions,
• des tensions physiques comme des crispations musculaires.

Certains traumatismes sont évidents, comme un accident, mais d’autres sont plus subtils, comme la négligence émotionnelle (manque d’amour ou d’attention dans l’enfance) ou des micro-traumas (petits chocs physiques ou émotionnels qui passent inaperçus mais marquent l’inconscient).

Eric souligne deux caractéristiques clés des traumatismes : l’impuissance (le sentiment de ne rien pouvoir faire face à l’événement) et le figement (une paralysie physique ou émotionnelle, comme si le corps et l’esprit étaient bloqués). Ces deux aspects sont au cœur du travail thérapeutique, car ils empêchent la personne de retrouver un équilibre.

Pourquoi l’hypnose pour les traumatismes ?

L’hypnose est une technique qui utilise l’imaginaire et un état de relaxation profonde pour accéder à l’inconscient, là où les traumatismes sont souvent ancrés. Eric explique que, lors d’un traumatisme, le cerveau peut se protéger en se « déconnectant » (dissociation) ou en oubliant partiellement l’événement (amnésie). Ces mécanismes naturels peuvent toutefois maintenir la personne dans un état de souffrance si le traumatisme n’est pas traité. L’hypnose permet de retravailler ces souvenirs de manière sécurisée, en modifiant la façon dont ils sont perçus et en libérant les émotions bloquées.

Comment l’hypnose aide-t-elle à traiter les traumatismes ?

Eric propose une approche progressive et sécurisante, particulièrement adaptée aux personnes traumatisées, qui peuvent craindre de revivre leur douleur. Voici les étapes principales :

1. Créer un cadre sécurisant : Avant toute chose, le thérapeute établit un environnement où la personne se sent en contrôle. Contrairement à une idée reçue, l’hypnose thérapeutique ne consiste pas à « manipuler » quelqu’un. Le client peut parler, ouvrir les yeux, refuser une suggestion, ou même arrêter la séance. Cette liberté est essentielle pour éviter de reproduire le sentiment d’impuissance vécu lors du traumatisme.
2. Trouver un endroit ressource : Le thérapeute guide la personne vers un lieu imaginaire où elle se sent bien (une plage, une forêt, etc.). Cet « endroit sûr » sert de base pour se détendre et renforcer la confiance. Si la personne n’a aucun souvenir positif, le thérapeute peut proposer des paysages ou des activités qu’elle aime, comme peindre ou écouter de la musique.
3. Renforcer les protections : Pour préparer la personne à affronter son traumatisme sans se sentir submergée, le thérapeute utilise des images puissantes. Par exemple, elle peut s’imaginer voler comme un oiseau, devenir un géant bienveillant, ou être entourée d’une bulle protectrice. Ces visualisations renforcent le sentiment de sécurité et de pouvoir.
4. Transformer le traumatisme : Une fois la personne à l’aise, le thérapeute l’accompagne pour revisiter le traumatisme de manière contrôlée. Cela peut se faire à travers des techniques comme :
   • Visualiser sur un écran : Le traumatisme est projeté sur un écran imaginaire, que la personne peut modifier (changer les couleurs, réduire la taille, etc.) pour en diminuer l’impact émotionnel.
   • Changer le scénario : La personne imagine une issue différente, où elle agit, se défend, ou évite l’événement. Par exemple, une victime de violence peut visualiser repousser son agresseur.
   • Reconstruire un passé idéal : Pour les traumatismes profonds, comme la négligence, le thérapeute peut guider la personne pour imaginer une enfance avec des parents aimants ou une vie sociale épanouie.
5. Sortir du figement : Eric insiste sur l’importance de libérer l’énergie bloquée dans le corps. Cela peut passer par des visualisations où la personne court, crie, ou casse des objets dans son imagination. Parfois, des tremblements physiques spontanés surviennent, signe que le corps relâche la tension accumulée.

Les différents niveaux d’intervention

Eric décrit cinq niveaux d’hypnose, allant d’une approche douce à un travail profond :

• Niveau 1 : Introduire des éléments du traumatisme (comme un objet lié à l’événement) dans l’endroit ressource, mais sous une forme inoffensive (ex. : un couteau en plastique).
• Niveau 2 : Affronter le traumatisme en imaginant une action (dire non, se défendre).
• Niveau 3 : Modifier le scénario pour éviter l’événement.
• Niveau 4 : Reconstruire un passé différent, comme une enfance heureuse.
• Niveau 5 : Faire « renaître » la personne dans un environnement idéal, pour les cas les plus lourds.

Combien de temps cela prend-il ?

Une séance dure généralement une heure, avec une première partie pour comprendre l’histoire de la personne (anamnèse) et une seconde pour l’hypnose. Selon la gravité des traumatismes, une à trois séances peuvent suffire pour des cas simples, mais des traumatismes complexes peuvent nécessiter plus de temps, parfois jusqu’à 10 ou 20 séances.

Pourquoi cela fonctionne ?

L’hypnose agit sur le système nerveux, en particulier sur le nerf vague, qui régule les réactions de stress et de relaxation. En permettant à la personne de sortir du figement et de retrouver un sentiment de contrôle, l’hypnose aide à « réécrire » les souvenirs traumatiques pour qu’ils cessent de hanter le présent. Eric insiste sur l’importance de poser des questions stratégiques pour identifier les traumatismes, même ceux dont la personne n’a pas conscience, comme un manque affectif dans l’enfance.

Conclusion

Cet atelier montre que l’hypnose est un outil puissant et respectueux pour traiter les traumatismes, en offrant à la personne un espace où elle peut reprendre le contrôle de son histoire. En utilisant l’imaginaire, le thérapeute guide le client vers la libération des émotions bloquées et la reconstruction d’un avenir plus léger. Pour les non-initiés, l’hypnose apparaît comme une approche douce, créative et adaptée, loin des clichés de manipulation. Eric invite chacun à explorer cette méthode, que ce soit pour mieux comprendre ses propres blessures ou pour accompagner d’autres vers la guérison.

Note : Les slides de l’atelier sont disponibles via l’APH, et Eric reste ouvert aux questions pour approfondir le sujet.