Le monde magique des cartes créatives
Le héros est un pirate qui se promène sur la plage. Il cherche des amis pour jouer, mais personne ne veut de lui. Il se sent différent. Il est seul et n’avance pas.
Soudain, il aperçoit un vieux sage. Celui-ci lui offre un parchemin codé et disparaît non sans lui avoir fait un signe de la main, comme pour lui dire « Tu peux désormais cheminer en toute confiance ».
Muni du parchemin codé, le pirate avance sur la plage et remarque qu’à chaque pas, il laisse une trace dans le sable. Il constate aussi que chaque vague efface ses traces. C’est incroyable ! Tout se fait complètement naturellement. Au rythme lent et régulier des vagues, comme une respiration.
Et voici que le pirate découvre un immense bateau. Tiens, on dirait qu’il est décoré de guirlandes et mieux, on entend de la musique. Et des rires ! Wow, c’est la fête !
Le pirate monte dans le bateau et là, tout s’arrête. Toutes les têtes se tournent vers lui. Silence. Puis, les applaudissements et cris de joie retentissent. Tour à tour, chaque occupant du bateau s’approche de lui. Mais… mais… ces visages… ce sont tous ces gens qu’il voit au quotidien : sa famille, ses voisins, ses amis, ses copains d’école, ceux qu’il a connus en camp l’été dernier. Il y a même Mina, son amie d’enfance. On dirait bien que le pirate a su mettre en évidence la présence de ses amis ! Alors, sur un rythme endiablé, tous font la fête ensemble, rient et profitent de cette vie qui les a réunis.
Cette histoire vous paraît trop simple ?
C’est pourtant comme cela que ça se passe lors d’une séance avec les cartes créatives (protocole de Lise Bartoli).
L’enfant explore son monde magique et invente sa propre histoire à l’aide des cartes créatives pour le guider vers la résolution, à l’aide de ses propres ressources, de son conflit intérieur.
En s’identifiant au héros, l’enfant rejoue intuitivement les scènes de sa vie pour trouver de nouvelles solutions. Dans la peau du héros, il extériorise ses conflits intérieurs puis les dépasse en explorant de nouvelles stratégies. Le dénouement positif permet la projection dans de futures expériences de vie avec confiance et autonomie.
Si les cartes semblent être tirées au hasard, il n’en est rien. Cette méthode, qui fait appel à la créativité inconsciente, à l’imagination et à l’intuition, a un atout majeur : elle peut être reproduite à chaque fois que l’enfant le souhaite, sans l’aide du thérapeute. C’est même une très bonne habitude à adopter au quotidien. Une forme d’autohypnose très simple, qui permet de se centrer en soi et d’apprendre à se faire de plus en plus confiance grâce au monde magique qui abrite cette partie de nous qui sait tout. C’est un trésor précieux de savoir se connecter à cette partie de soi pour réactiver et renforcer ses propres atouts, ses capacités innées.
Dans mon espace thérapeutique d’Onex, j’utilise les cartes créatives avec des enfants qui ont entre 4 et 11 ans. Mais j’avoue avoir utilisé la méthode sur des adultes aussi, toujours avec succès. J’y ajoute parfois des jeux symboliques, comme la Chozif’, avec des figurines par exemple. Il est souvent très utile d’expliquer, de montrer et d’observer ce qui nous préoccupe sous un autre angle, avec une autre perception, pour aller vers le changement.
Ce protocole se divise en 3 séances.
La première fois que l’on se voit, on fait connaissance. L’enfant est invité à s’exprimer sur la raison de sa venue bien sûr, mais aussi sur sa propre histoire de vie. Que sait-il de sa naissance ? Lui a-t-on- raconté comment s’est passé ce jour-là ? Qui a choisi son prénom ? Il raconte à sa manière, en dessinant, en mimant parfois, son histoire. En parallèle, le (ou les) parent présent s’exprime sur les mêmes sujets. Cette première phase met souvent en lumière des évidences dont personne n’avait encore pris conscience. Et certains changements s’opèrent parfois avant le rendez-vous suivant.
Lors du 2ème rendez-vous, je propose à l’enfant de créer son monde magique, là où se trouve cette partie de lui qui sait tout. Je n’ai jamais besoin de pousser les enfants dans cette phase. Ils ont tant d’imagination ! Presque chaque enfant a déjà un monde bien à lui dans lequel il a pris l’habitude d’aller seul. Renforcer cet endroit, le personnaliser, le conscientiser, lui donne une légitimité et permet à l’enfant d’entrer très facilement dans l’état de conscience modifié propre à l’hypnose. Une fois dans cet endroit précieux, et à l’aide des cartes créatives, il est invité à choisir un héros “au hasard” et à raconter l’histoire de ce personnage qui va évoluer et résoudre son problème grâce à un objet magique qui lui sera remis par un Allié. À l’aide d’outils simples, l’enfant peut avancer dans l’histoire, guidé par son inconscient, et trouver ses propres stratégies.
Lors de la 3ème séance, j’écris une métaphore personnalisée que je raconte à l’enfant. Son monde magique est utilisé pour entrer dans cet état de conscience modifié qui mène à sa partie inconsciente, prête à changer.
Je propose toujours aux parents de tenir un petit carnet pour noter les changements observés. L’hypnose thérapeutique n’est pas toujours aussi spectaculaire que celle pratiquée sur scène. Mais, au fil du temps, et je dirais presque à notre insu, on constate que nos réactions face à des situations autrefois problématiques ont changé. Et c’est là tout le miracle qu’offre ce merveilleux outil d’évolution qu’est l’hypnose.